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«J'ai quitté mon job de businesswoman pour devenir acupunctrice»

Businesswoman acupuncture

«Les stages effectués (en acupuncture ndlr) m’ont convaincu que je faisais le bon choix: je trouvais motivant de savoir que je pouvais désormais aider des personnes qui se retrouvaient sans autre solution réellement satisfaisante, ou sans solution tout court.»

© Corinne Sporrer

Je ne me suis jamais considérée comme une businesswoman. Pourtant, pendant une douzaine d’années, j’ai travaillé dans le monde entier pour une multinationale. Je fabriquais des céréales pour le petit-déjeuner. C’était une vie intense, remplie de voyages et de rencontres. Mais un jour, j’ai eu envie d’une autre vie. Tout a commencé à Toulouse, où je suis née d’un père suisse. J’ai toujours été attachée aux traditions romandes. D’ailleurs, à chaque mois de décembre, avec ma sœur, mon frère et mes cousins, on se déguisait et on participait aux spectacles de Noël qui réunissaient la petite communauté helvète de la Ville Rose.

Des tanks et des toasts

À la sortie de mes études en agroalimentaire, et après avoir passé une année aux États-Unis pour apprendre l’anglais, je suis partie en Angleterre où j’ai travaillé au sein du département recherches et développement d’une grande firme. Mon job était de réaliser de nouveaux produits et des céréales pour le marché local de multiples pays. Je travaillais alors beaucoup pour la Pologne ou la Russie.

Je voyageais aussi très souvent là-bas, ainsi qu’au Chili ou aux États-Unis. Les missions étaient fréquemment les mêmes: visiter les usines, chercher des fournisseurs (par exemple pour le blé ou le maïs), gérer les équipes qui bossaient aux quatre coins du monde et les démarrages de nouvelles lignes de production.

À ce moment-là de ma vie, j’aimais beaucoup mon activité. J’appréciais particulièrement de collaborer avec des personnes de cultures très différentes. J’adorais le fait que nous arrivions à tisser des liens sans parler la même langue. De cette époque, je conserve des souvenirs surréalistes comme ces tanks en bord de route près de la Tchétchénie, ou des images de toast levé au cognac à 10 h du matin dans une usine pour célébrer notre visite! Mais la fatigue accumulée durant tous ces déplacements était l’ombre au tableau.

Entretenir des liens avec mes amis et avoir une vie personnelle épanouie devenait vraiment difficile.

J’ai tout quitté afin de me retrouver

Un petit tour à Pékin

En 2010, l’entreprise qui m’embauchait a délocalisé mon département à Orbe, et je me suis installée à Pully. Après toutes ces années en Angleterre, je trouvais géniale l’idée de venir habiter en Suisse pour mieux connaître mes origines. La rencontre avec l’acupuncture, elle, s’est produite grâce à mon ami. Il souffrait de psoriasis et la médecine occidentale ne fonctionnait pas sur lui. Il s’est tourné vers un acupuncteur, et ses soins ont été très efficaces.

De mon côté, je passais tellement de temps et dépensais tellement d’énergie au travail que j’aspirais à une existence plus sereine et qui aurait plus de sens pour moi. Tout cela m’a fait m’intéresser à la médecine chinoise.

Sans trop savoir où ça allait me mener, j’ai commencé des études d’acupuncture. Pendant trois ans, j’ai étudié à Morges. Parallèlement aux cours qui se déroulaient un week-end sur deux, je continuais à travailler. C’était une période intense, qui demandait beaucoup d’implication et de sacrifices pour consacrer le temps nécessaire à ces études en plus du travail, qui était toujours aussi prenant. Heureusement, j’ai réussi progressivement à baisser mon pourcentage jusqu’à arriver à un mi-temps durant l’année du diplôme.

Ces années de transition m’ont permis de me préparer financièrement avant de démissionner. Les stages effectués m’ont convaincu que je faisais le bon choix: je trouvais motivant de savoir que je pouvais désormais aider des personnes qui se retrouvaient sans autre solution réellement satisfaisante, ou sans solution tout court. En fait, j’ai pris pas mal de risques car j’ai quitté mon travail avant de passer mon diplôme. En y réfléchissant, je devais y croire, car faire marche arrière était tout simplement impossible! J’ai eu ensuite de la chance, j’ai enchaîné mon diplôme avec un stage en hôpital à Pékin.

J’ai beaucoup appris lors de ce séjour, particulièrement en observant les médecins chinois travailler, et j’en ai profité ensuite pour faire un voyage en Indonésie, un rêve vieux de vingt ans! Ces étapes m’ont clairement aidé à passer de mon ancienne à ma nouvelle vie.

À mon retour en Suisse, je me suis installée en tant qu’acupunctrice indépendante. C’était il y a un an. Tout au début de mon activité, il m’est arrivé de ne recevoir aucune demande de rendez-vous en trois semaines. Dans ces cas-là, il faut avoir le moral et essayer de ne pas douter de son choix! Car effectivement, il faut énormément de temps pour se faire connaître et faire tourner son cabinet.

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Les kebabs de docteur Diesel

Dans ma vie professionnelle passée, j’étais souvent très stressée, car je devais en permanence résoudre les problèmes qui surgissaient de façon imprévisible, et m’adapter à un emploi du temps et à des voyages eux aussi en perpétuel mouvement. De ce fait, dans ma vie professionnelle présente, je m’intéresse au burn-out et plus largement à la santé au sein de l’entreprise.

J’arrivais à décompresser le soir avec mes collègues. En Turquie, où j’ai passé plusieurs mois avec beaucoup de pression sur les épaules, on appelait docteur Diesel un monsieur qui faisait des kebabs dans son jardin au parfum de gasoil… On le regardait nous préparer à manger, tirer de l’eau à la pompe sur le trottoir en se demandant si nous serions en état de travailler le lendemain! Tout pouvait avoir planté dans la journée, mais rire ensemble nous relaxait.

Profiter de petits plaisirs dans ces moments était essentiel.

Mais tout ça me paraît loin. Aujourd’hui, si je regarde dans le rétroviseur, je me dis que tous ces efforts valaient le coup. Et même si ça peut sembler mielleux à dire, voir des sourires sur les visages de mes patients est dorénavant la chose qui me procure le plus de plaisir.

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