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J’ai quitté ma Colombie natale pour devenir Père Noël en Suisse

VECU PERE NOEL 6

«Quand j’ai essayé ma tenue rouge et blanche, j’ai tout de suite pensé qu’elle m’allait bien. C’est vrai que j’ai la carrure et la mine adaptées au personnage. En plus, je m’appelle Nicolas: ce costume est fait pour moi.»

© Corinne Sporrer

La première fois que j’ai revêtu le costume du Père Noël, c’était dans une maison de quartier lausannoise, il y a quelques années. Les organisateurs cherchaient quelqu’un pour jouer le rôle, et je me suis proposé, pour les dépanner. A ce moment-là, ma barbe était encore plus longue que maintenant. J’appréhendais un peu cette première expérience, car je m’attendais à ce que de petites mains viennent inévitablement tirer dessus. Mais au final, tout s’est très bien passé. Les enfants étaient des réfugiés, issus de l’immigration, et ils ont beaucoup apprécié ma venue.

Moi-même, je ne suis pas né en Suisse, j’ai grandi en Colombie. La joie de vivre qui imprègne ce pays ne m’a pas quitté: je dirais même qu’elle me caractérise. Petit, j’étais vraiment un enfant terrible! Comme mon anniversaire tombe le 28 décembre, je recevais tous mes cadeaux en même temps, pendant le réveillon. Cela ne me dérangeait pas, même si d’autres enfants en auraient peut-être conçu du chagrin.

J’ai très rapidement cessé de croire au Père Noël, mais je pense qu’il ne m’aurait pas apporté de paquets, de toute manière: je n’étais pas assez sage.

Une fois mes études secondaires terminées, j’ai décidé de quitter Bogota. La nationalité franco-suisse, qui me vient de mes parents, m’ouvrait les portes de l’Europe. Il fallait que je m’éloigne de la Colombie et de toutes ses tentations, pour me concentrer sur mon futur. Après une année à l’ECAL, je me suis lancé dans le monde professionnel, en tant qu’illustrateur-graphiste. Je dessinais beaucoup, j’écrivais des poèmes et je faisais un peu de musique. J’ai rencontré mon ex-femme, et nous avons eu un fils, qui a depuis fêté ses 21 ans. La vie a suivi son cours. Aujourd’hui, j’ai un second garçon, âgé de 11 ans. Comme je travaillais énormément quand l’aîné était plus jeune, je ne l’ai pas beaucoup vu. J’ai manqué de nombreux épisodes de sa vie, et je le regrette. Avec son petit frère, je me rattrape et j’essaie de passer un maximum de temps auprès de lui: je vois cela comme une seconde chance.

Des cadeaux pour les Lausannois

Cette année, c’est un ami qui m’a contacté pour me demander si je voudrais être le Père Noël des marchés Bô Noël, à Lausanne. Nous nous étions croisés par hasard, alors que je portais encore ma barbe très longue. En me voyant, il s’est exclamé «Ce n’est pas possible, le Père Noël c’est toi!» J’ai tout de suite accepté. Il sera à mes côtés jusqu’au dernier jour du marché, et jouera le rôle de l’elfe. Ça nous arrangeait bien, car il est plus petit que moi!

Quand j’ai essayé ma tenue rouge et blanche, j’ai tout de suite pensé qu’elle m’allait bien. C’est vrai que j’ai la carrure et la mine adaptées au personnage. En plus, je m’appelle Nicolas: ce costume est fait pour moi. Et puis, il tient chaud! Même si cela fait déjà trente hivers que je vis en Europe, je n’arrive pas à m’y faire. La saison froide ne me plaît pas.

Quand mes fils font du ski, je les regarde de loin, avec ma tasse de chocolat chaud. Depuis que je suis en Suisse, mes cheveux ont perdu leur blondeur pour devenir châtain foncé. Je m’adapte, mais dès que l’hiver arrive, je peste!

«As-tu été sage cette année?»

Ce que j’aime le plus dans le rôle de Père Noël, c’est de voir le sourire des enfants. Certains vont certainement pleurer, mais bon, c’est normal. Un bonhomme barbu tout vêtu de rouge est quand même impressionnant, pour ces petits! Par ailleurs, on ne voit pas bien mon visage, derrière cette touffe blanche. Je les comprends. S’ils versent quelques larmes, je leur donnerai une pièce en or, venue du coffre au trésor dont je suis le gardien.

Un enfant, c’est pur, alors que les adultes sont un peu pourris. Les jeunes disent les choses sincèrement, sans arrière-pensées. Certains sont plus timides que d’autres, et je remarque souvent que quelques-uns sont conscients que je ne suis pas le vrai Père Noël. Même les tout-petits le savent déjà! Je le vois dans leur regard. Mais ils font semblant d’y croire malgré tout, car la magie de Noël leur tient à cœur.

Je leur demande s’ils ont été sages, s’ils méritent leurs cadeaux. Et puis, je les questionne sur leur liste de vœux. Finalement c’est ça, le rôle du Père Noël: il lit toutes les lettres, et si le petit s’est bien comporté, il recevra ses présents le 25 décembre. S’il a fait des bêtises, c’est le Père Fouettard qui viendra déposer du charbon dans sa chaussette.

Plus soleil que pôle Nord

Evidemment, tous les enfants affirment que «oui», ils ont été «très sages». Tous, sauf un! Je me souviens d’un petit garçon qui m’avait répondu «non». Je l’avais repéré dès le début celui-là, c’était un chenapan. Un peu comme moi, quand j’avais son âge. Alors, je lui ai annoncé qu’il avait de la chance et qu’il aurait quand même des cadeaux: car heureusement pour lui, le Père Fouettard nous avait fait faux bond ce jour-là.

Depuis tout jeune, je rêve d’être océanographe, ou biologiste marin, comme Jacques-Yves Cousteau. J’adore la plongée, et je voudrais devenir instructeur. C’est mon projet de préretraite au soleil, sans doute en Colombie: manger une langouste fraîche au petit-déjeuner, en faisant ce qui me plaît, très humblement, c’est l’idéal. Le luxe ne m’intéresse pas. Je partirai dès que mon fils aura grandi, quand il aura fait sa vie et qu’il n’aura plus autant besoin de moi. Pour le moment, je veux rester auprès de lui.

Mon fils cadet a rapidement cessé de croire au Père Noël, lui aussi. Je pense que ce sont ses copains qui le lui ont dit. Il a certainement aussi dû l’apprendre sur internet: les jeunes en savent beaucoup plus que nous, à notre époque. Aujourd’hui, on a tout, tout de suite. Mais il adore Noël, et surtout les cadeaux. D’ailleurs, il raconte à tous ses copains que je suis le Père Noël. Ça, je pense qu’il en est plutôt fier.

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