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Une douleur lancinante qui part du bout des doigts pour s’insinuer jusqu’aux épaules en passant par le coude… Une douleur insupportable au quotidien quand on travaille sur un ordinateur et que la souris est devenue une extension de notre propre main. A force de clics crispés et de roulements de molette, l’outil peut représenter le pire ennemi de l’employé de bureau. La tendinopathie de la souris, mal 2.0 par excellence, s’avère en effet une cause de consultation toujours plus fréquente.

S’il n’existe pas de statistiques, les spécialistes constatent dans leur pratique une augmentation de cette pathologie. Ainsi, à la Permanence ostéopathique de Lausanne (POL), les rendez-vous s’enchaînent: «Les problèmes liés aux poignets ne sont pas nouveaux en tant que tels. Mais de plus en plus de patients viennent consulter pour des engourdissements ou des fourmillements de la main ou du poignet, remarque Francisco Donoso, ostéopathe CDS-FSO. Quand je demande au patient de me montrer comment il se positionne devant son ordinateur et tient sa souris, je remarque fréquemment que ses épaules sont anormalement surélevées et tendues. Du coup, les nerfs qui innervent le cou, les épaules et les bras peuvent être comprimés dans leur trajet et provoquer toutes sortes de problèmes musculo-squelettiques.» Même observation pour Sebastian Byrde, ostéopathe CDS-FSO, président de la Fédération suisse des ostéopathes: «Les personnes qui utilisent beaucoup l’ordinateur se plaignent fréquemment de douleurs dans l’ensemble du bras. Avec souvent des tensions dorsales importantes. Quand on creuse, elles expliquent que ça a commencé avec une douleur dans l’avant-bras, répétée lors de l’utilisation de la souris.» Un mal qui se répand, donc.

La tendinopathie de la souris appartient en fait à la famille des «troubles musculo-squelettiques» (TMS), en constante progression depuis les années 1980. En France, selon le rapport de 2012 de l’Agence nationale d’amélioration des conditions de travail (ANACT), en 2010, plus de 7 salariés sur 10 déclaraient ressentir au moins une douleur associée aux TMS.

Gare à l’abus de clics

«Glisser-déplacer» d’une fenêtre à l’autre, défilement d’écran avec la molette, clics à répétition… Autant de contraintes constantes et maintenues fatales aux tendons. «L’irritation tendineuse est due à une sur sollicitation, à un mouvement répétitif. Plusieurs paramètres peuvent l’expliquer, notamment le positionnement du corps face à l’ordinateur, mais aussi une extension et une flexion exagérées de la main», explique Julien Aerni, physiothérapeute à Lausanne. Des mouvements répétitifs auxquels s’ajoute l’immobilisme. «On ne bouge plus. Tout ce que l’on avait avant dans sa bibliothèque, on l’a sur son ordinateur. Concentré face à l’écran, après plusieurs heures, on finit tout ankylosé», soulève Sebastian Byrde. Sans oublier le stress, qui augmente cette crispation sur les outils informatiques. Car si l’une des réponses préventives au mal de la souris est d’améliorer l’ergonomie du poste de travail – en plaçant l’écran à hauteur des yeux et la souris plus en profondeur pour limiter l’extension du bras, par exemple – le stress a une influence néfaste sur notre placement du corps. Epaules crispées, dents serrées, mains tétanisées… Dans son ouvrage «Le stress au travail», Patrick Légeron soulève d’ailleurs un point essentiel: «Le rôle du stress est de mieux en mieux connu dans les maladies des muscles produites par le travail. Plus que l’activité physique elle-même et la sollicitation demandée aux muscles, c’est l’ensemble des facteurs de stress qui détermine majoritairement la survenue et le développement des TMS.»

Des soins pluridisciplinaires

La première chose à faire si l’on veut éviter de se bloquer jusque dans les cervicales est d’ergonomiser son poste de travail. Et de faire des pauses régulières. Il y a aussi l’option des anti-inflammatoires, mais qui – dans la majorité des cas – n’est pas la panacée. «On ne parle pas de tendinite, mais bien de tendinopathie, soit de microlésions de surcharge causant une irritation des tendons. Chez 70% des patients qui me disent avoir pris des anti-inflammatoires, ils n’ont ainsi pas eu d’effet», constate le physiothérapeute Julien Aerni. Pour soulager, ce dernier applique, outre la thérapie manuelle, des principes du protocole de Stanish, qui consiste entre autres à effectuer des étirements en «contracté- relâché» et un renforcement excentrique progressif.

Du côté des ostéopathes, on privilégie une approche globale, non pas uniquement sur le poignet mais impliquant tout le corps. Un travail sur l’axe vertébral et les cervicales libère le trajet des nerfs et, ainsi, détend les muscles.

Fréquente, cette douleur peut disparaître rapidement, notamment grâce à une approche de soins pluridisciplinaires – entre ostéopathe, physiothérapeute ou encore acupuncteur. Le hic, c’est qu’elle risque de se répéter… tant qu’on est stressé! Crispé sur sa souris, on en a plein le dos. Et dans le cas de cette pathologie, l’expression prend tout son sens.

A lire: «Le stress au travail , un enjeu de santé», de Patrick Légeron, Ed. Odile Jacob.

3 astuces pour «cliquer» sans douleur

1. La souris Puisqu’on ne peut pas faire sans, on en choisit une ergonomique. Certains optent pour des souris à prise verticale, qui soulagent le poignet. D’autres choisissent des «stylos» se tenant dans la main en position oblique. Si on veut un outil local, on essaie la Logitech Trackball M570, avec trackball intégré (logitech.com).

2. Le tapis Pour réduire les tensions intenses infligées au poignet lors de l’utilisation de la souris, on teste un tapis avec repose-poignet. Pas très esthétique, mais efficace. Et si on ne veut pas investir, on peut toujours ressortir son bandeau de poignet de tennis, en mousse, qui assurera l’effet «coussin».

3. La vitesse Ça peut paraître anodin, mais régler la vitesse de déplacement du pointeur de sa souris évitera des mouvements superflus. Ni trop rapide ni trop lente, la vitesse adéquate optimisera votre confort d’utilisation. Terminés les «allers-retours» énervés susceptibles d’augmenter votre crispation.

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