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C’est une constante malheureuse de notre vie au travail: nous manquons de temps. Pression des marchés et des clients, nouveaux projets et changements d’organisation, réunions et échanges entre collègues, réseaux professionnels auxquels il convient d’adhérer. Et, bien entendu, e-mails à profusion, sans compter les documents qui réclament un peu de temps pour s’en imprégner.

Bien sûr, il existe des recettes pour apprendre à mieux s’organiser (ne pas laisser sa boîte e-mail ouverte en permanence, décider d’une période de sa journée pour les traiter) et traquer la propension à se laisser distraire (ne pas commencer une tâche en l’abandonnant trop vite pour une plus séduisante). Au-delà de ces techniques, il convient de bien repérer nos zones de stress et notre fonctionnement pour décider de ce qui nous convient ou non. Et de renoncer à la seule logique comptable qui de nos jours fait force de loi.

Nous tendons en effet à oublier à quel point notre façon de concevoir le temps au travail est significative de bien-être ou de mal-être. Comment en retrouver un usage plus confortable?

Apprendre à dire non

En entreprise, il existe un présupposé implicite selon lequel un salarié motivé est un salarié qui dit oui. Au risque de se voir confier toujours plus de tâches. Avez-vous pensé aux conséquences qu’un faux oui aurait sur vous? Si vous acceptez un dossier parce que vous n’avez pas réussi à dire non, sûr alors que votre colère se retournera à un moment contre celui-là même à qui vous avez voulu «faire plaisir».

Dire l’émotion qui vous fait hésiter à prononcer un non («Je ne suis pas à l’aise pour te dire non») crée un climat de complicité qui met les deux parties en confiance. Il ne reste plus qu’à s’en expliquer, sans excès: trop de justifications trahissent un sentiment de culpabilité et font perdre toute crédibilité. Il est préférable de les formuler de façon structurée, le but étant d’aider votre interlocuteur à cerner votre raisonnement.

Commencez par rappeler les faits: «Vous me demandez de traiter ce dossier.» Puis exposez les conséquences pour vous: «Cela va à l’encontre de mes projets», ou «Cela me surcharge dans mon travail». Enfin, soulignez l’émotion que cette situation crée en vous, en parlant toujours à la première personne: «J’ai le sentiment que mon travail n’est pas reconnu.» Plutôt que: «Vous dénigrez mes efforts.» Récit clair et sincère, ton personnel mais pas accusateur: voici le cadre idéal pour accueillir une réaction posée et respectueuse.

Reconnaître ses limites

Les grands brûlés du travail n’ont pas de fragilité particulière, à part celle d’être des fous de boulot à la conscience professionnelle irréprochable. Ces battants se donnent sans compter. La gestion du temps est pour eux un réel sujet qu’ils n’ont pas su considérer avant qu’il ne soit trop tard. Ils perçoivent le stress comme vecteur de performance et l’accomplissement professionnel comme essentiel. Si le stress n’est pas une maladie en soi, s’y exposer durablement conduit à l’implosion. Prêtez attention aux signaux de votre corps: vous sentez-vous à bout de forces? Puis aux pensées envahissantes du type «Je n’y arriverai jamais», «C’est impossible mais je dois tenir», qui provoquent chez vous un sentiment de honte, au point que vous n’osez confier votre mal-être grandissant à quiconque.

Reste à retrouver une marge de manœuvre pour faire baisser la pression. En premier lieu: après les avoir identifiées, prenez du recul par rapport aux logiques de pensées destructrices. Essentiel également: savoir demander de l’aide et en parler, même si cela rebute le candidat au burnout, certain de ne pouvoir compter que sur lui-même. Avec les indicateurs de performance fixés de plus en plus haut et le manque de moyens pour y parvenir, il faut savoir raison garder. Et se souvenir que le bien-être est indissociable du bien-faire.


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Dire adieu à la procrastination

Cet art de remettre au lendemain ce que l’on peut faire le jour même sape insidieusement l’estime de soi et fait le lit des stratégies d’échec les plus redoutables. L’ampleur d’une tâche vous pousse à différer le moment de vous y mettre pour vous investir dans une activité plus gratifiante? Les conséquences immédiates sont le plus souvent positives: en substituant une mission aisée à une autre plus difficile, on trouve une satisfaction sans délai. Les conséquences négatives, elles, arrivent plus tard: accumulation des tâches non faites, panique… Pour se défaire de cette pernicieuse habitude, il convient de s’attaquer au subtil équilibre entre gratification et sanction. Et de se protéger contre les sollicitations susceptibles de créer des distractions.

Enfin, n’attachez pas trop d’importance au niveau d’excellence supposé, impossible à atteindre. En effet, la préoccupation du détail au détriment de l’essentiel, la surestimation des difficultés, tout ce cortège de mécanismes visant à protéger une estime de soi fragile, sont en réalité contre-productifs. Il s’agit de ne plus être dans le «Je dois faire», mais dans le «J’ai intérêt à faire». Pour y parvenir, efforcez-vous de repérer les tâches sujettes à procrastination, de façon à identifier la nature des activités qui «plombent» votre moral et les peurs qui s’y rattachent (ne pas être à la hauteur, échouer ou même... réussir!). C’est la seule bonne résolution que vous vous attacherez à appliquer.

Privilégier les tâches stimulantes

Des chercheurs en psychologie du travail ont montré que les cadres, soumis à un temps professionnel plus important que les autres catégories de salariés, faisaient preuve d’une satisfaction par rapport au travail plus élevée que celle des employés affectés à des postes dotés d’une moindre latitude décisionnelle. Aimer ce que l’on fait et le percevoir comme utile aboutit à un sentiment d’équilibre. Tout comme assumer l’usage que l’on fait de son temps.

Mihaly Csikszentmihalyi, chercheur en psychologie positive et auteur de «Vivre, la psychologie du bonheur» (Pocket, 2006), a défini le concept d’«expérience optimale», qu’il nomme «flow» et qui se réfère à l’état subjectif de «se sentir bien». Le flow se manifeste lors d’une profonde absorption dans une activité considérée par l’individu comme intéressante. Dans cet état, il fonctionne au maximum de ses capacités. L’expérience du flow surgit quand les compétences ne sont ni dépassées ni sous-utilisées. En revanche, si celles-ci n’atteignent pas cet optimum, l’individu va ressentir, par exemple, de l’apathie (challenge peu stimulant associé à de faibles compétences), de l’anxiété (challenge élevé mais compétences faibles ou moyennes) ou de l’ennui (challenge peu stimulant associé à des compétences fortes). Un bon usage du temps correspond donc à un investissement jugé utile et en accord avec soi-même. L’idée de pouvoir réussir à tout faire restant le plus grand mythe du paradigme de la «gestion du temps».

Rubrique réalisée en partenariat
avec «Psychologies Magazine»
dont le numéro 359
est disponible en kiosque.
A consulter aussi sur psychologies.com

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