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«Peu importe la noirceur qui vous hante: souvenez-vous de la lumière»
Il y a un an et un jour, le 1er octobre 2017, Las Vegas était le théâtre d’un massacre sans précédent. Lors d’un festival de country, un homme a tiré sans relâche durant plusieurs minutes, tuant 58 personnes et faisant 527 blessés. Ashley Hoff et son mari font partie de ces miraculés. «Qu’est-ce que c’est ce bruit, des idiots qui lancent des feux d’artifice?». Il s’agit de la dernière phrase prononcée par la jeune femme avant qu’elle ne se jette sur son mari pour le plaquer au sol, après avoir vu un festivalier recevoir une balle en plein visage.
Depuis ce triste jour, la vie d’Ashley ne sera plus jamais la même, comme elle l’explique dans un émouvant témoignage sur le site Refinery29:
Fan de musique country, Ashley et son mari étaient des habitués du festival. Ils s’y rendaient chaque année pour fêter leur anniversaire de mariage. «Il a fallu quatre rounds de tir avant que nous nous levions pour courir, se souvient la jeune femme. Une femme était allongée sur ma tête, mes jambes recouvraient mon mari, ses jambes à lui se trouvaient sur une autre personne pour tenter de recouvrir les parties vitales du corps.» Au bout de quelques instants, le couple se rend compte que les coups partent d’en haut (le tireur était posté au 32ème étage de l’hôtel Mandala Bay) et décide de fuir main dans la main.
«Je suis terrifiée pour les générations futures et par ce qu’elles devront affronter.»
«Lors de chaque salve de tirs, je pensais à ce qui me manquerait. J’ai pensé à la façon dont cela briserait ma famille. J’ai pensé à tous mes rêves qui ne deviendraient jamais réalité. Et j’ai réalisé que je n’étais pas préparée à regarder la personne que j’aime être tuée par balle. Je n’étais pas prête pour la fin de notre histoire.» Scott, le mari d’Ashley, s’est assuré que sa femme était toujours en train de courir, le plus vite et le plus loin possible. Et cette dernière lui en sera à jamais reconnaissante: «Il aurait été si facile d’être égoïste! C’était courageux, c’était fort.»
Alors qu’ils se pensaient en sécurité, réfugiés dans le lobby d’un hôtel, des cris retentissent à nouveau. «Les rumeurs accouraient: tireurs multiples, plusieurs hôtels touchés, attaque terroriste, bombe... Nous avons pris cela pour la vérité et avons recommencé à courir.» Le couple monte enfin dans une voiture et roule pour s’extraire du cauchemar.
Un an après la tragédie, Ashley se bat pour mettre fin à la violence armée: «Je suis fatiguée de ces gros titres. Je regarde les nouvelles et je frissonne. Je lis les statistiques et je sens la bile au fond de ma gorge. Je suis terrifiée pour les générations futures et par ce qu’elles devront affronter.» Et malgré tout ce qu’elle a traversé, la jeune femme aime à se souvenir de la lumière qui régnait cette nuit du 1er octobre, à l’humanité dont elle a été témoin. «Les humains de tous les jours sont devenus des héros, écrit-elle. Les gens ont risqué leur vie pour celle des autres.»
Des gestes tout simples qui font la différence
«Cette nuit-là, j’ai vécu un miracle et je compte utiliser chaque instant de ma vie pour rembourser ce cadeau.» Même si elle n’est pas prête à pardonner à «l’homme qui a tiré plus de 1100 cartouches de munitions», elle fait désormais son maximum pour faire le bien autour d’elle. Elle s’est récemment rendue en Ouganda pour une expédition humanitaire et n’hésite pas à manifester régulièrement contre les armes à feu. Selon la jeune américaine, il reste beaucoup de chemin à parcourir pour mettre fin à cette violence. Mais chacun peut y contribuer, à sa manière: