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«Slunchez», c’est trendy!
Pourquoi le fait de se mettre à table à la même heure que nos grands-parents dans leur EMS nous remonterait plus le moral que de boustifailler à l’heure espagnole?
© Ludovic AndralJ’adore la façon dont les sites féminins nous vantent les nouveaux trends. Le dernier, j’en ris encore, était culinaire. Ça s’appelle le slunch, c’est une contraction de supper et lunch, et en gros ça consiste à inviter des amis pour manger son repas du dimanche soir à l’heure à laquelle les Suisses allemands le font toute la semaine, genre vers 17 h 30-18 h. Pourquoi ferait-on ça le jour du Seigneur? Pour lutter contre le blues qui nous guette à la veille du lundi.
Pourquoi le fait de se mettre à table à la même heure que nos grands-parents dans leur EMS nous remonterait plus le moral que de boustifailler à l’heure espagnole?
Une question de «good vibes»
Aucune raison objective, mais comme on ne peut pas tuer comme ça dans l’œuf un trend dont on fait l’apologie, la lectrice a droit à une apparence d’explication: ça crée des «good vibes». Voilà. C’est fou comme un anglicisme négligemment balancé vous bouche bien à propos d’une faille dans le raisonnement.
Pas question ici, vous l’aurez deviné, de café complet à l’appenzelloise ou à la bernoise: on nous vend le concept en mode urbain, sexy et trendy, donc c’est pas pain-fromage-baignoire de café au lait. Non.
Un slunch, c’est créatif, ça se prépare, ça se doit d’être mieux que celui organisé la semaine passée par les cousins/collègues/voisins/amis. Le site propose donc plein de suggestions bobo pour cet embryon de coutume bobo.
Et c’est pas dommage. Parce qu’il s’agit de servir nombre de petits plats originaux – surtout pas un vrai repas, fondue ou blanquette de veau, ça ferait dîner ringard chez les beaux-parents. Ça commence donc par de l’houmous, qu’on n’achète pas tout cuit, on le prépare soi-même avec ses blanches mains. Après, dans le désordre, il y a terrine de légumes, galettes de lentilles corail, chausson ricotta-épinards, soupe carotte et courge, je vous en passe et des plus longs à concocter. Tu mets bout à bout les heures de préparation nécessaires, ben tu te lèves minimum à 7 heures du mat et tu ne sors pas de ta cuisine de tout le dimanche si tu veux avoir une chance d’être prête pour 17 h 30. Sans compter que la moitié du samedi passe dans la tournée des magasins et épiceries fines indispensables à l’achat des produits. Bref, le slunch, ce plan tellement pourri qu’en effet, tu te réjouis du lundi durant tout le week-end, que tu puisses enfin sortir de ta cuisine pour aller bosser. Et sinon, good vibes à toutes et à tous en ce dimanche.
Ça y est, mon chat est accro
