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Jeux de mains: pourquoi le doigt d’honneur est-il si méchant?

DOIGT

L'une des nombreuses oeuvres d'Ai Weiwei disséminées dans le Palais de Rumine jusqu'au 28 janvier 2018.

© DR

Levez le majeur vers votre interlocuteur, histoire de voir. Pas sûr qu’il apprécie, on est bien d’accord. Alors que certains gestes ne sont considérés comme violents ou obscènes que dans certains pays (voir notre petit lexique ci-dessous), le doigt d’honneur est devenu un symbole universel de rébellion. Ce n’est pas pour rien que l’artiste chinois Ai Weiwei, à la fibre contestataire assumée, l’a utilisé à de très nombreuses reprises. Sur la place Tian’anmen, face à la tour Eiffel, même devant notre honorable Palais fédéral. Vous n’avez pas encore découvert son insolent travail, exposé – disséminé – jusqu’au 28 janvier 2018 au Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne? Allez-y, vite!

Mais au fait, pourquoi fait-on des doigts d’honneur?

La réponse serait à chercher du côté de la Grèce antique. Déjà à l’époque, montrer son majeur n’est pas un geste anodin. On le dresse dans certaines pièces de théâtre, même lors de joutes oratoires, semble-t-il. L’histoire se mêle aux légendes. A Rome, on parle de doigt «impudique» (digitus impudicus), que l’on brandit pour signifier son mépris, le majeur représentant le phallus. L’empereur Caligula aurait, par exemple, exigé que les sénateurs embrassent son doigt chacun à son tour…


Les fameux Boston Beaneaters posent pour la postérité... Remarquez le joueur en haut à gauche, qui fait un discret doigt d'honneur au photographe. © DR

Il semble que ce doigt impudique perd de son usage durant un certain temps, avant de refaire surface à la fin du XIXe siècle. Première trace officielle de ce come-back: la photo d’une équipe de baseball (les Boston Beaneaters précisément), en 1886. On y voit un certain Old Hoss Radbourn taquin, adressant, peut-être, son geste à une équipe adverse. Mais c’est un fait: durant quelques années, le doigt d’honneur ne fait plus tiquer que les Américains. C’est avec la Seconde Guerre mondiale qu’il s’internationalise. Puis la vague punk, évidemment, finit de le mondialiser, avant qu’il soit récupéré par le rock et la pop culture. Kurt Cobain, puis Madonna, M.I.A, Ricky Martin… Mais la politique aussi a connu son lot de majeurs. De Pierre Trudeau (oui, le papa de Justin, premier ministre actuel du Canada) à Ronald Reagan en passant par George W. Bush, ils s’y sont tous essayés.


© DR

Mais si le geste est aujourd’hui entré dans les mœurs, il reste tout aussi virulent qu’à l’époque (dans certains pays, vous risquez carrément de «violer la décence» et de vous retrouver écroués, comme aux Emirats arabes unis). On réfléchira donc à deux fois avant d’envoyer l’unicode U + 1F595, le petit nom officiel de l’émoji ad hoc.

Les autres gestes qui fâchent

Si le majeur dressé vers le ciel est quasi unanimement considéré comme obscène, d’autres gestes qui semblent anodins ici, sont de véritables déclarations de guerre ailleurs dans le monde. Alors, avant de lever le pouce lors de vos prochaines vacances en Iran, assurez-vous d’avoir bien retenu ce miniguide.



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La moutza
Le geste s’est fait connaître lors des manifestations contre l’austérité en Grèce, ces dernières années. Devant le Parlement, des milliers de Grecs montraient la paume de leur main, doigts écartés, à leurs élus, histoire de manifester leur grosse colère. On appelle ce geste la moutza, ou mountza. Et oui, il a plus ou moins la même signification que notre majeur dressé.


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La Dulya (ou la figue)
Doigts repliés en poing, avec le bout du pouce qui dépasse entre l’index et le majeur. En Turquie et dans les pays slaves, ce geste est lourd de significations. Parfois utilisé pour contrer le mauvais œil, il sert également à signifier que l’on n’est pas intéressé du tout (mais alors vraiment pas du tout) par ce que propose notre interlocuteur.

Le pouce levé
Vous croyiez féliciter votre chauffeur de taxi pour sa conduite, à Téhéran? Loupé. Un pouce fièrement levé, en Iran et en Irak, notamment, est tout aussi violent que notre doigt d’honneur.


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Le «V» pas de la victoire
Attention subtilité. Au Royaume-Uni, en Irlande, en Australie et en Nouvelle-Zélande, tout comme chez nous, il est tout à fait convenable de faire le fameux «V» de la victoire. Mais si vous avez le malheur de tourner le dos de la main face à votre interlocuteur (donc paume vers vous), vous envoyez illico se faire voir la personne à qui vous vous adressez. George W. Bush avait eu la bonne idée de faire ce geste lors d’une visite présidentielle à Canberra. Les Australiens en tremblent encore.

Et aussi: Expo Ai Weiwei, D’ailleurs c’est toujours les autres, jusqu’au 28 janvier 2018 au Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne, entrée libre.


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